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Suite du Carnet de Jean Labatut



Récit authentique de l'aventure du Musée Grévin par

Jean Labatut

Président de l'Association de la Berlurette

Au moment où j'écris ces lignes, tout va bien. Si tout n'allait pas bien, je ne penserais pas à écrire.

Je crois qu'il est de mon devoir de raconter aussi exactement que possible ce qui se passe au Musée Grévin (à Paris) ce jour-là. En ma présence!

Il faut bien l'avouer: cela n'a pas toujours été très agréable. Pourtant, j'ai résisté et j'ai tenu bon.* Comme disent Danton* et Flambuscat : De l'audace, encore de l'audace, toujours de l'audace, et la Berlurette est sauvée!

Non, cela n'a pas été agréable. C'est fait exprès sans doute. Dans la pénombre, on crois ces figures de cire vivantes.* Surtout au sous-sol!

Là, au sou-sol, c'est terrible. Des voûtes basses, des lumières vertes ou verdâtres ... Quand il y a des visiteurs, des touristes, passe encore.* On rit, on plaisante, on écoute des conversations ou les réflexions ... on sait très bien qu'on se trouve dans un musée. Mais quand il n'y a personne ou presque personne!

Essayez d'imaginer le silence des couloirs déserts, des niches mystérieuses où semble s'agiter une main, où l'on croit que quelqu'un se penche pour vous guetter ou pour chuchoter on ne sait quoi.

Mais ... Je dois commencer par le commecement, c'est-à dire par la fin de notre visite. Nous avions terminé la visite du musée, et Tricoire qui en avait assez* de Louis XIV et compagnie – comme il disait – parlait d'une boisson fraîche.

Au moment où toute l'équipe se divertissaient devant les glaces déformantes, j'ai aperçu ... (Ici, je dois dire que j'avais déjà eu un soupçon la veille, au Zoo). J'ai aperçu l'homme au complet bleu. Oui, l'homme au complet bleu, celui qui avait bousculé Tricoire en gare de Toulouse, le voleur de la valise de Ferdinand, le mystérieux jeune homme en costume bleu avec des lunettes noires et des moustaches de même couleur, celui qui nous avait poursuivis, celui qui ...

Là, je dois dire que durant une seconde ou une fraction de seconde, j'ai eu une soudaine illumination.* J'ai compris ou presque compris ce que c'est passait autour de nous depuis, sans doute , plusieurs jours.*

 

* j'ai tenu bon.– я стойко держался

* Danton – Дантон – видный деятель французской буржуазной революции конца XYIII в.

* on crois ces figures de cire vivantes – принимаешь эти восковые лица за живые

* passe encoreразг. еще так сяк

* qui en avait assez– которому надоел

* j'ai eu une soudaine illumination – меня вдруг осенило

* ce que c'est passait autour de nous depuis, sans doute, plusieurs jours – что происходит вокруг нас в течение, должно быть, уже многих дней

 

L'homme au complet bleu nous épiait. La valise de Ferdinand ne lui suffisait pas. Il voulait encore quelque chose.

Mais je continue.

Donc, j'aperçois l'homme aux lunettes noires. Il surveillait notre groupe. Il s'était caché derrière une large colonne, dans la pénombre, et il me sembla bien qu'il regardait Tricoire et Ferdinand.

Puis, Tricoire comme s'il avait senti qu'on l'observait, Tricoire se retourna et regarda la colonne où le gangster (je crois qu'on peut lui donner ce nom) s'était traitreusement caché.

Il faisait tard et tous mes camarades se dirigèrent vers la sortie.

Le Musée se vidait. L'homme aux lunettes noires se montra alors. Je compris qu'il cherchait l'équipe, mais l'épaisseur de la foule l'empêcher d'avancer. Il passa devant moi. Il hésita un moment, puis lentement il tourna la tete. Il m'avait aperçu! Instant terrible!

Et mainenant, il ne suivait pas les autres, il essayait de se rapprocher de moi. Je reculai, tâchant à mon tour, de me cacher derrière une colonne. Je résolus d'adopter une tactique très simple: attirer le personnage vers l'intérieur* du Musée, puis profitant de ma petite taille, me glisser entre les groupes, lui échapper et prevenir M. Vernéjou. Je passai à toute vitesse devant la Reine d'Angleterre et la Reine de Hollande. (Pardon, Majestés!) je parvins dans le fond de la première salle et je me cachai dans l'ombre, derrière les mains de Victor Hugo. Il y a en effet une petite vitrine où l'on conserve un moulage des mains de Victore Hugo ainsi que sa plume offerte par lui-même au Musée. J'avais admiré précédemment cette émouvante relique de mon illustre confrère.

Trop tard!

Une deuxième silhouette surgit de l'ombre et se dirigea vers moi. Je me dis: attention! Ce n'est pas le moment de perdre son sang-froid!

Cette deuxième silhouette, plus petite et corpulente, était celle de l'homme aux moustaches rousses. Ainsi, Jojo et Bébert me suivaient, me poursuivaient! Qui était Jojo, qui était Bébert? Peu importait pour l'instant.* Je devais avant tout tâcher de leur échapper et si possible, de les démasquer. C'étaient les deux personnages dont j'avais entendu le dialogue dans le train.

J'eus une nouvelle idée. Heureusement j'ai toujours beaucoup d'idées.

Je n'étais pas loin d'entrée du sous-sol. Je me cacherai là. Les deux gangsters ne soupçonneront rien. On va fermer le musée. Ils seront obligés de sortir. Je sortirai à mon tour. Ils ne me verront pas.

Et s'il me suivaient dans le sous-sol, je savais bien ce que j'allais faire.

Je descendis à toute vitesse les escaliers de ciment. Je m'arrêtai, écoutant. Rien.

Je descendis encore.

 

 

* vers l'intérieurзд. вглубь

* Peu importait pour l'instant. – Сейчас это не имело значения.

 

 

Robespierre* me regardait fixement. Au sous-sol se trouvent en effet représentées diverses scènes de l'époque révolutionnaire. On y voit Louis XVI,* Marie-Antoinette,* le tribunal révolutionnaire,* la mort de Marat*...

J'écoutai encore.

J'entendis un chuchotement et des pas derrière. Je ne m'étais pas trompé. Ils me suivaient: l'homme au complet bleu et l'homme au complet beige me suivaient.

Et alors, malgré tous mes efforts pour rester tranquille, je frissonnai. Représentez-vous ces sombres voûtes de ciment grisâtre, les visages de cire éclairés par une lumière blafarde. On se dit:* se sont des mannequins. Ils ne bougent pas, ils sont immobiles, ils ne peuvent lever ni pied, ni patte ... Et cependant on a l'impression que ces figures du passé vous regardent du coin de l'oeil.

Les pas se rapprochaient. Qui marchaient derrière moi? Jojo et Bébert, j'en étais sûr, non pas des figures de cire inoffensives, mais deux chenapans en chair et en os.* Il fallait agire au plus vite.

J'avais heureusement mon idée.

Je parvins jusqu'à La Mort de Marat.*

La Mort de Marat, c'est une scène représantant l'assassinat du célèbre révolutionnaire par la jeune royaliste Charlotte Corday. C'est un épisode bien connu. Marat était dans son bain lorsque la jeune femme réussit à pénétrer jusqu'à lui pour le frapper d'un coup de poignard.

Le malheureux Marat git dans baignoire qui a la forme d'un sabot.* On va arrêter la criminelle. Diverses personnes pénètrent dans la chambre de Marat. Telle était la scène dans laquelle j'avais résolu de jouer un rôle.

***

- Où est-il donc passé? répéta Tricoire.

Le brave homme visiblement inquiet au sujet de Jean Labatut* en avait oublié sa soif.

 

* Robespierre – Робеспьер – выдающийся деятель французской буржуазной революции конца XVIII в.

* Louis XVI – Людовик XVI – король Франции. Был казнен во время французской буржуазной революции в 1793 г.

* Marie-Antoinette– Мария-Антуанетта – французская королева, жена Людовик XVI , казнена в 1793 г.

* le tribunal révolutionnaire – революционный трибунал во Франции в период буржуазной революции конца 18 в. - судебный орган для борьбы с контрреволюцией.

* la mort de Marat – смерть Марата – панорама, изображающая убийство Марата, одного из вождей французской буржуазной революции, Шарлоттой Кордэ.

* On se dit– говоришь себе

* deux chenapans en chair et en os – два негодяя из плоти и крови

* Je parvins jusqu'à La Mort de Marat – Я добежал до панорамы "Смерть Марата"

*Marat git dans baignoire qui a la forme d'un sabot. - марат лежит в своей ванне, имеющей форму башмака.

* visiblement inquiet au sujet de Jean Labatut– явно взволнованный по поводу (отсутствия) Жана Лабатю

– Il n'est tout de même pas resté dans le Musée! s'exclama Blanche, avec cependant un ton d'inquiétude dans la voix.

– S'il est resté dans le Musée, ce n'est pas très grave, dit M. Vernéjou.

– Comment ça! s'écria Tricoire. Le pauvre enfant! Seul avec ces mannequins! Malheur! Si cela m'arrivait, j'en aurais des cauchemars pendant des mois! Je verrais Louis XI en train de ricaner devant mon armoire à glace!*

– Voyons, Tricoire, reprit le maître d'école, il pouvait ne pas rester seul dans le Musée. On ne ferme pas les portes brusquement sur un Musée vide. Il reste les gardiens, la caissière, les serveurs du bar ... Il y a donc beaucoup d'employés et ils ne quittent leur travail que lorsque tout le public est sorti. Et j'imagine qu'il y a un consierge quelque part. Non s'il est resté dans le Musée, ce n'est pas dangereux.

M.Vernéjou regardait les passants. Une vague crainte pourtant, se marqait sur son visage.*

– A quoi penses-tu? lui demanda sa femme à la dérobée.*

– Je ne sais pas, répondit le maître sur le même ton. Quelque chose me paraît suspect dans tout cela ...

– Dans tout cela?

– Eh bien, oui. Ces personnages bizzarres que Jean avait vus dans le train, le vol de la valise ... Et Jean qui disparaît maintenant! Qu'est-ce que tout cela signifie?

Henriette s'approcha.

– Il a peut-être rencontré quelqu'un qu'il connaît. Quequ'un de Villeneuve. Il est en train de bavarder.*

– Mais non, dit Delpech. Il nous aurait avertis.* Si c'est quelqu'un de Villeneuve, nous le connaissons aussi.

– Alors, il s'est peut-être évanoui, intervint Flambuscat. Il faisait très chaud. On l'a sans doute transporté dans une pharmacie pour lui faire boire un petit remontant.* Je lui trouvais mauvaise mine ces jours-ci. Il ne mangeait pas beaucoup. Il semblait préoccupé ...

– Revenons au Musée, décide M. Vernéjou.

 

 

* Je verrais Louis XI en train de ricaner devant mon armoire à glace!– Мне бы показалось, что я вижу Людовика XI, ухмыляющегося перед зеркалом в моем шкафу!

* Une vague crainte pourtant, se marqait sur son visage.– Все же на его лице отразилось легкое беспокойство.

* à la dérobée – потихоньку

* Il est en train de bavarder.– Он болтает.

* Il nous aurait avertis.– Он бы нас предупредил.

* pour lui faire boire un petit remontant– чтобы дать ему выпить что-нибудь укрепляющее

 







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