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Nouvelle suite du carnet de Jean Labatut



Les pas venaient vers moi dans le couloir ténébreux.

Plus de temps à perdre.*

J'enjambai la cordelière qui sépare La Mort de Marat du publique. Je frôlai avec l'émotion qu'on devine la baignoire de Marat. Je frôlai avec horreur la jupe de Charlotte Corday puis je me glissai derrière le groupe des autres figures de cire, un homme, une femme, un enfant. Justemment un enfant coiffé d'un bonnet à cocarde tricolore.*

Je pris le bonnet et le plaçai sur ma tête après avoir ébouriffé mes cheveux.* Puis je me mis à poser parmi le groupe. J'était devenu, moi aussi, une figure immobile dans le tableau de La Mort de Marat. Je retins mon souffle. Mon visage se trouvait dans la pénombre. Je m'efforçai de ne pas voir autre chose que le malheureux Marat blessé à mort.

Juste à cet instant, les bandits apparurent. Je les reconnus sans peine. C'étaient ces deux dont j'avais surpris un dialogue dans le train. Le grand bleu et le gros beige. Tous deux avaient des feutres rabattus sur les yeux.*

Et voici ce que j'entendis:

- Tu crois?

– Il m'a bien semblé.

– Mais non. Il aurait peur de descendre ici.

– Tu as raison. Moi, je te dirai que ces figures de cire ne me plaisent pas.

– Le mieux est de remonter et de retrouver le groupe ... C'est un peu fort!* Depuis qu'ils sont à Paris, nous ne pouvons pas les saisir.

– Chut!

– Quoi?

– Il y a encore les gardiens là-haut.

– Il y en a peut-être ici.

– Il faut remonter. On a sonné pour la sortie. Je n'aimerais pas être enfermé avec ces messieurs-dames.* Oh! dis donc, qui est-ce celui-là?

– Un nommé Marat.

– Il date de quand?*

– Je ne sais pas. De Louis XIII. Et regarde ce gendarme à côté.

– Je n'aime pas ça.

 

 

* Plus de temps à perdre.– Нельзя терять времени!

* Justemment un enfant coiffé d'un bonnet à cocarde tricolore.– Именно ребенок в шапочке с трехцветной (трех цветов французского флага) кокардой.

* après avoir ébouriffé mes cheveux.– всклокочив предварительно волосы

* Tous deux avaient des feutres rabattus sur les yeux.–У обоих шляпы были надвинуты на глаза.

* C'est un peu fort! – Это уж слишком!

* avec ces messieurs-dames– с этими господами

* Il date de quand? – Он относится к какой эпохе?

– J'aurais bien voulu le saisir, ce gosse!

– Moi aussi.

– Je lui aurais posé quelques questions.

– Je me demande ce qu'ils ont fait de notre ...

– De notre argent? Pourvu qu'ils ne l'aient pas porté aux objets trouvés.*

– Sûrement pas. C'est le gros rouge, celui qu'ils appellent Tricoire. C'est un malin, celui-là. Je suis certain qu'il a gardé l'argent. Je voudrais bien visiter sa chambre.

– Justement. Il faudrait savoir où elle se trouve, sa chambre. A chaque fois, ils nous filent entre les doigts.* C'est le premier soir qu'il fallait les suivre.

– Allons-y! Dépêchons-nous. Tu sais qu'on a rendez-vous avec le Barbu, ce soir?

– Où ça?

– A Pigalle,* chez Tatave.

– Bon. Attends. Allons jusqu'au boutcette galerie pour voir si le gosse ne c'est pas caché par là ...

Jojo et Bébert s'éloignèrent et disparurent au détour de la galerie. Cela me suffisait. D'un bond, je sautai hors de ma scène historique et à grandes enjambées, je me dirigeai vers l'escalier. Mon coeur battait à toute vitesse. Je me rassurai en entendant là-haut dans la grande salle les voix des gardiens et des employés. On n'avait peut-être pas encore fermé la porte.

– Allons, bambin, me cria un gardien. Tu veux passer la nuit ici? Dépêche-toi.

Sans repondre, je courus vers la sortie.

Jojo et Bébert pouvaient se montrer à tout moment.

Un instant, j'eus la pensée d'alerter les employés et de faire arrêter les deux voleurs. Mais quoi? Etais-je sûr qu'ils étaient des voleurs? Je n'avais aucune preuve. Rien que des soupçons, rien qu'une conversation entendue. Beaucoup de mystère planait encore sur cette affaire.

Si je disais à l'un des gardiens: arrêtez ces deux hommes, on risquait de me rire au nez.* Les deux étaient peut-être armés. Ils protesteraient, ils se défenderaient et, au bout du compte, ils nous échapperaient. Mieux valait exploiter ce que je venais d'apprendre.*

 

* Pourvu qu'ils ne l'aient pas porté aux objets trouvés. – Только бы они не отнесли их в бюро находок.

* ils nous filent entre les doigts – они проскальзывают у нас сквозь пальцы

* Pigalle– один из районов Парижа

* on risquait de me rire au nez– мне могли рассмеяться в лицо

* Mieux valait exploiter ce que je venais d'apprendre.– Лучше было воспользоваться тем, что я узнал.

 

 

***

Sur le seuil du musée, je rencontrai M. Vernéjou et toute l'équipe fort inquiets à mon sujet.*

– Tu t'étais donc laissé enfermer? me demanda mon maître.

– Presque! lui répondis-je dans un souffle.*

– Suivez-moi vite, c'est très important.

Je courus sur le boulevard et pénétrai dans le premier couloir venu.

Tout le monde galoppa derrière moi.

- Vite! Vite! répétai-je.

M. et Mme Vernéjou, Tricoire, les garçons et les filles s'entassèrent donc dans ce vistibule heureusement assez large qui s'ouvrait non loin du Musée, entre un café et une patisserie.

– Enfin! Vas-tu m'expliquer! S'exclama M. Vernéjou.

– Oui, M. Vernéjou, je vais vous excliquer. Je vous supplie de me faire confiance.* Reculez! Ne vous montrez pas!

Avec d'infinies précautions, je glissai un oeil au dehors. Derrière les fusains en pots du petit café, j'apercevais l'entrée du musée.

Jojo et Bébert se montrèrent enfin. Comme je l'avais prévu, ils jetèrent des regards à droite et à gauche. Je compris qu'ils nous cherchaient. Puis, l'homme aux lunettes noires et aux sombres moustaches haussa les épaules. Il se pencha vers son compagnon. Il devait lui murmurer quelque chose comme:* " Encore ratés!* Inutile de les chercher dans cette foule!"

L'homme en complet beige repondit.

L'homme en complet bleu se gratta le menton.

Ils hesitèrent un moment, puis ils se séparèrent. L'un se dirigea vers l'Opéra, l'autre vers la Porte ST-Martin. Sans doute, pensaient-ils que nous allions nous promener sur les boulevards et qu'ils pourraient ainsi, l'un ou l'autre nous retrouver.

Je refermai lentement la porte du couloir où nous étions cachés. L'homme en complet bleu passa devant nous sans soupçonner notre présence.

– Enfin, enfin! m'excliqueras-tu toutes ces simagrées! grognait M. Vernéjou dans mon dos.

– Encore un peu de patience, par pitié!*

J'attends encore un peu. Les deux hommes n'étaient plus que des points lointains dans la foule.

– Maintenant, dis-je, je vais vous excpliquer, M. Vernéjou. Nous pouvons sortir.

 

 

* fort inquiets à mon sujet– сильно обеспокоенного на мой счет (из-за меня)

* dans un souffle – одним духом

* Je vous supplie de me faire confiance.– Я вас умоляю довериться мне.

* Il devait lui murmurer quelque chose comme – он, должно быть, прошептал нечто вроде

* Encore ratés! – Снова упустил!

* par pitié!– ради бога!

 

Quelques instants plus tard, nous étions attablés dans l'arrière-salle discrète d'un café des environs. Tricoire avait commandé force Vittel-cassis et force glaçon.* Je commençai:

– J'ai retrouvé l'homme en complet bleu et l'homme en complet beige. Ils nous cherchent depuis plusieurs jours. Je suis persuadé qu'ils ne savent pas où nous habitons. Ils en veulent à Tricoire.*

– A moi! s'étrangla l'aubergiste qui faillit reverser son verre.*

– Oui, à vous, M. Tricoire. Ils croient que vous leur avez pris de l'argent ...

– Moi ... Je ... Quoi? Tu es fou! Tu es complètement fou!

– Je ne suis pas fou, répondis-je avec une grande douceur. Je crois même qu j'ai compris.

– Moi aussi, dit M. Vernéjou.

– Eh bien! Moi, je ne comprends rien à tous ces mystères. C'est comme si tu me parlais danois!

– C'est clair pourtant, dit Delpech. Ce sont des coquins. Ils vous prennent pour un riche étranger, M. Tricoire, et ils veulent vous dévaliser.

– Dévaliser, dévaliser, murmura M. Vernéjou avec un sourire. Dans dévaliser il y a valise ...

– Nous pouvons les surprendre, repris-je. Ils ont rendez-vous ce soir. J'ai entendu leur conversation. Ils doivent se rencontrer avec le Barbu, à Pigalle, chez Tatave ...

– A pigalle. chez Tatave? Le Barbu? balbutia Tricoire. Tu dois avoir un peu de fièvre,* mon petit Jean ...

Pauvre Tricoire! Il ne comprenait pas. Il ne savais pas que je venais de remporter une première victoire sur l'homme en complet bleu et ses compagnons.

 

* force Vittel-cassis et force glaçon.– уйму Виттель-касси (безалкогольный напиток) и льда

* Ils en veulent à Tricoire.– Они имеют что-то против Трикуара.

* faillit reverser son verre– чуть не опрокинул свой стакан

* Tu dois avoir un peu de fièvre – ты, должно быть, болен (у тебя жар)

 

Questions et activités après la lecture du chapitre 10.

I. C'est à vous d'enrichir le vocabulaire







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